Cet après-midi, pour le goûter de mon fils, je me suis rendu à la boulangerie située en face de la maison. Il y avait là des beignets vendus 2,5 euros les 4. Comment il en restait six, j’ai dit à la vendeuse de tous me les servir. Mais à ma grande surprise, elle m’a répondu : « ce n’est pas possible, c’est soit 4, soit 8… ». Estomaqué par sa réponse, je suis finalement ressorti avec 4 beignets seulement. Il m’aurait pourtant suffit de régler 3,75 euros pour emporter les 6… est-ce si difficile à calculer ? Ou alors avait-elle prévu de consommer seule les deux derniers ? Quoi qu’il en soit, ceux qui habitent à Paris, auraient, au moins une fois, rencontré ce genre de situation incompréhensible. Je pense en particulier aux Etrangers qui habitent la capitale et qui ne cachent pas leur mécontentement quand on aborde le sujet. Tous grimacent devant la lenteur du service. Il faut compter, en moyenne, un mois pour l’installation d’internet ou du téléphone si bien que beaucoup se demandent s’ils ne sont pas en train de vivre un cauchemar.

Pourtant, en France, c’est possible. Trouver un vendeur sympathique n’est pas chose aisée non plus. Si tu veux acheter, achète, sinon passe ton chemin. Qu’ils soient étudiants ou diplomates, tous les Etrangers que je côtoie dans mon travail sont mécontents. En résumé, tous pointent du doigt l’absence de sens de service en France, situation vécue comme la plus difficile.

Un jour, j’ai rencontré une artiste partie en Corée avec un groupe de danseurs français pour une représentation au centre culturel Sejong. Elle m’a confié que l’esprit du service des Coréens l’avait le plus ému sur place et m’a raconté son expérience.  

Une fois leur spectacle terminé, après 23H, une vingtaine de danseurs affamés sont sortis dans les rues de Séoul. Après quelques jours passés dans la capitale, ils avaient tous envie d’un bon sandwich à la française, avec du poulet et des crudités, par exemple. Aussi, après avoir parlé à la patronne d’une boulangerie, celle-ci leur a prié d’attendre un instant et s’est mise à rassembler dans son entourage tous les ingrédients nécessaires. Vingt minutes plus tard, les vingt sandwichs tant désirés étaient fins prêts. Les danseurs n’en croyaient pas leurs yeux et se sont demandés : « ça existe un monde pareil, c’est incroyable ! » Après cet épisode marquant, elle m’a confié vouer un véritable culte à la Corée.

La plupart des Français ayant séjourné en Corée, revient enchanté par le pays. Ce n’est pas tant pour sa beauté exceptionnelle ou pour ses sites touristiques mais plutôt par le charme des Coréens qu’ils trouvent aimables, travailleurs, pragmatiques et dynamiques. En séjournant plus d’un mois en Corée cet été, j’ai pu réaliser à nouveau combien les Coréens sont effectivement aimables et tellement serviables.

Mais de retour à Paris, changement de situation. En voyant à la banque, la tête que faisait ma conseillère revenue plus tôt de vacances que ses collègues, je suis allée lui offrir un jus d’orange pour l’encourager dans son travail. En pensant au contraste avec la Corée où ce sont plutôt les employés de la banque coréenne qui offrent si aimablement des boissons à leurs clients le temps de patienter quelques secondes, c’était tragi-comique. Bref, le monde à l’envers.

Le nombre des Etrangers projetant de visiter la Corée sous l’influence de la vague coréenne est en nette progression. Cette gentillesse propre aux Coréens fait aussi partie d’une forme de compétitivité. La considération réciproque qui s’instaure contribue à harmoniser l’ambiance dans la société et ceux qui sont touchés par cette atmosphère n’ont qu’une envie : revenir en Corée surnommée, non sans raison, le « pays des bonnes manières ».